Évocations

Publié le par Emy

Évocations,

Je me souviens qu'avant mes 6ans, je priais pour me réveiller en fille, et je regardais un dessin animé qui s'appelle "Ranma 1/2", et espérant pouvoir devenir une fille, comme le héro, qui, quand il tombe dans l'eau froide, devient une fille.
A cette époque là j'étais tout le temps avec mes deux amies, que je connais depuis que j'ai 3mois, et on jouait aux princesses, aux espionnes, chez elles, à l'école. Jusqu'à ce que la pression ambiante se fasse trop écrasante.
Par la suite j'ai continué à m'amuser avec elles en dehors de l'école. Puis l'âge faisant on a arrêté de jouer à ces jeux, et j'ai commencé à rester autant avec des garçons qu'avec des filles.
Vers mes 10ans, j'ai commencé à piquer des fringues à ma mère. Un jour, pour faire bref, où elle a découvert ses vêtements dans un coin d'une pièce, je me suis dit que je devais lui en parler. Je ne comprenais pas pourquoi je faisais ça, et je me demandais ce qu'elle penserait de cette 'découverte'. J'ai donc été lui en parler, discution dont je n'ai plus l'entier souvenir, mais il semblait clair qu'elle pensait que j'étais gay.
Par la suite j'ai continué, sans qu'elle m'empêche de le faire, mais elle reprenait de temps en temps quelques vêtements.
Aux alentours de 12ans, j'ai appris ce que voulait dire le mot 'transsexuelle', et... début de questionnements. Ou plutôt dans un premier temps, de déni.
Le chemin faisant, j'ai assumé le fait d'être une fille, malgré l'image que mon corps me renvoyait. J'ai voulu faire mon coming-out, en vain, et ce durant 2ans et demi.
Au niveau scolaire, j'avais de très bonnes notes, sans jamais rien faire, flemmite aiguë... Mais au fil du temps mes résultats empiraient, mon moral aussi. À ma troisième année de secondaire (4e française, je crois), j'allais de plus en plus mal, mes résultats de fin d'année chutaient, mais je me rattrapais et m'étais ça sur le compte de ma procrastination, et de ma flemmardise. L'année suivante, aux alentours de noël, mon état commence à s'empirer, mes 'amis' en profitent pour s'acharner contre moi, quoi que je dise, quoi que je fasse, ça ne va pas, et c'est prétexte à la rigolade. Mes cheveux longs, que j'ai toujours eu, depuis mes 8ans, sont prétexte aux brimades incessantes. Mon apparence légèrement plus féminine, aussi.
Mon moral est au fond du trou, je commence à creuser, envie de suicide, idée noire. Un jour, cours de géo, plus haut étage de l'école, je regarde par la fenêtre ouverte, et l'envie est très forte, s'en résulte une prise de conscience de mon état.
La veille de mes examens, ma mère vient me voir, et me demande si j'ai étudié pour mes examens. Ma réponse est simple, non, et je ne compte pas étudier.
Elle s'assoit à cotés de moi, et me demande ce qui ne va pas... Silence de ma part, durant de longues minutes, tout en fondant en larmes, je me lance et je lui dis que "J'ai peur". Elle me demande de quoi, je lui dis que j'ai peur du rejet, elle me demande de répéter, je lui répète, et elle me dit que personne ne va me rejeter. Les silences se font interminables, et je finis par lui dire ce qui me tourmente. "Maman, je suis une fille."
Elle le prend plutôt bien, elle me dit que je ne suis pas seule dans ce cas-là, et qu'on fera ce qu'il faut, mais, qu'il faut que je travaille. Elle quitte ma chambre quelques minutes après, je commence à travailler, mais sans réelle conviction.
Les examens passés, 5échecs, et donc, 5examens de passages (après les 2mois de vacance).
Je passe 2mois horrible, re-déprime, je ne mange plus du tout, c'est à peine si je m'alimente. Je ne pense plus qu'à une chose : lui dire mon mal-être, et que les choses changent.
Je fais une lettre, au début des vacances, et n'arrive à avoir le courage de lui faire parvenir que 2jours avant la fin des vacances. Je me lance, dépose la lettre en équilibre sur deux mannes à linge, et recule d'un pas... Je réfléchis, me ravise, et veux reprendre la lettre, mais... Impossible. J'essaie, j'essaie, mais je n'y arrive pas. Je vais dans la salle de bain, adjacente à cette pièce, respire, bois un peu d'eau, reviens face à la pièce où est la lettre, mais toujours incapable de la récupérer.
J'entends ma mère qui monte, je file dans ma chambre, à l'étage du dessus. J'attends, longuement, je pleurs, tout aussi longuement. Elle vient en début de soirée, on en parle, certains propos sont un peu secs, mais plutôt réalistes, elle me demande si elle peut en parler à mon beau-père, je lui dis que oui. Je continue de pleurer. Mon beau-père vient me parler, on en discute posément, on a une discution riche et constructive. Mes pleurs cessent, je me sens soulagée, mais très fatiguée.
Je m'endors exténuée, mais en paix. Le lendemain on en discute, on discute surtout de l'école, et on réfléchit, beaucoup.
Un ou deux jours après, ma mère me parle d'une école, plutôt ouverte, et où je pourrais avoir une option ayant attrait au social, à la psychologie, et où il y aurait plus de filles.
On y va pour l'inscription, 1jour après la rentrée officielle. Le lendemain je rentre pour mon premier jour d'école.
Depuis j'y ai rencontré des gens formidables ! Des gens que j'aime énormément.
J'ai appris petit à petit à m'assumer, je reste avec des filles en récrée, et tant pis pour les remarques (que je n'ai pas encore eu), j'ai un look féminin, et tant pis si ça déplait à certains, j'ai des longs cheveux et ils me plaisent bien.
Au final, aujourd'hui je continue d'avancer, et j'y ai tout gagné.

Publié dans Récits

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